Tous les adversaires sont en colère. Vingt-quatre heures après le discours à la nation du président Faure Gnassingbé, la réaction est unanime : le président togolais n’a pas pris la mesure de la situation de ce qui se passe dans son pays depuis cinq mois.
Tout le monde attendait ce discours, au final c’est tout le monde qui est déçu. Dans les rangs de l’opposition et pris séparément, tous disent ou presque la même chose pour évoquer ce discours du président Gnassingbé. D’abord Paul Dodji Apévon, pour lui c’est une déception totale, ce n’est pas un chef d’Etat qui ressent la profondeur de la crise que vit le pays : « J’ai senti quelqu’un qui, ou bien n’est pas conscient de ce qu’il se passe, ou bien qui se fout totalement du peuple. C’est quelqu’un qui aime le pouvoir, qui veut rester, mais qui ne cherche pas à régler ce qui est la préoccupation majeure des populations aujourd’hui. »
Et Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson d’avertir : « Lui, il présage déjà de l’issue du dialogue. Si referendum il doit y avoir, il faut que nous le décidions ensemble. Et nous pensons qu’encore une fois, sur ce plan, il fait preuve de duplicité et de mauvaise foi. »
La coordinatrice de la coalition des 14 est très en colère et selon elle, ce discours va motiver davantage les Togolais à redoubler d’ardeur pour atteindre l’objectif de l’alternance. C’est un discours, s’exclame Tikpi Salifou Atchadam, pour donner raison peuple togolais de sa lutte : « Ce discours donne raison au peuple togolais. Le président confirme qu’il se fout pas mal du peuple togolais après tout ce qui s’est passé au cours de ces cinq mois, à écouter un discours comme celui-ci on conclut que le président n’a pas écouté. Il n’est pas en train de prendre la mesure de la situation. »
Dans tous les états-majors des partis politiques, on se demande si le président vit les mêmes réalités que les Togolais. Jean-Pierre Fabre n’attendait rien de ce discours, pour lui il n’est pas question de baisser les bras, au contraire se préparer à répondre avec courage de la manière la plus appropriée et de façon conventionnelle à une telle attitude du chef de l’Etat.