Donald Trump a déclaré mardi la guerre ouverte au chef des républicains du Sénat Mitch McConnell qui l’accuse d’être “responsable” de l’assaut meurtrier du Capitole, un divorce retentissant emblématique des divisions qui déchirent les républicains.
L’attaque est sans appel.
Jusqu’ici très discret depuis son départ de la Maison Blanche, le 45e président des Etats-Unis s’est fendu d’un rare communiqué, cinglant, pour marquer la rupture.
“Mitch est un politicien renfrogné, maussade, qui ne sourit jamais et si les sénateurs républicains restent avec lui, ils ne gagneront plus”, a écrit l’ex-président, qui se présente en meilleur atout pour que son parti regagne le contrôle du Congrès en 2022. Et n’exclut pas de se représenter en 2024.
Plus de 200 juges conservateurs nommés par le Sénat, dont trois à la Cour suprême, ou la réforme des impôts, rare succès législatif de Donald Trump: le milliardaire a pourtant travaillé main dans la main avec le sénateur du Kentucky, habile stratège, pendant quatre ans.
“Le parti républicain ne pourra plus jamais être respecté ou fort avec des +dirigeants+ politiques comme Mitch McConnell aux commandes”, a insisté le magnat de l’immobilier. Et d’imputer au sénateur la perte choc de la majorité à la chambre haute, en janvier.
Pour d’autres responsables républicains, c’est au contraire lui qui a sapé la participation de ses électeurs lors de deux sénatoriales cruciales début janvier, en dénonçant pendant des mois, sans apporter de preuves, des “fraudes massives” électorales pour la présidentielle.
C’est au lendemain de ces sénatoriales, le 6 janvier, que des milliers de manifestants pro-Trump s’étaient rassemblés à Washington, lorsque le Congrès devait certifier officiellement la victoire de son rival Joe Biden.
“Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force”, avait lancé à la foule chauffée à blanc le républicain, en continuant de nier sa défaite.
Certains de ses partisans s’étaient alors lancés à l’assaut du Capitole, où étaient réunis les parlementaires. L’émeute a fait cinq morts.
Accusé par les démocrates d'”incitation à l’insurrection”, Donald Trump a été jugé la semaine dernière au Sénat pour ces faits dans un procès historique.
Samedi, les sénateurs ont été une majorité — 57 sur 100 — à se prononcer pour sa condamnation. Dont, fait sans précédent, sept républicains. Mais il aurait fallu les deux tiers de la chambre haute (67 voix) pour parvenir à un verdict de culpabilité.
A la Chambre, dix républicains avaient voté avec les démocrates en faveur de sa mise en accusation. Tous subissent depuis de féroces réactions dans leur parti, et parfois jusqu’au sein de leurs familles.
Car Donald Trump reste immensément populaire dans son camp: trois quarts des électeurs républicains veulent qu’il continue à jouer “un rôle de premier plan” dans le parti, selon un sondage Quinnipiac publié lundi.
– “Heureux pendant le chaos” –
Mitch McConnell, lui, a voté pour l’acquittement, car il a estimé que la chambre haute n’était pas compétente pour juger un ex-président. Mais dans la foulée, il a déclaré Donald Trump “responsable” de l’assaut.
Les émeutiers ont agi ainsi “car l’homme le plus puissant de la planète les avait nourris de mensonges”, avait-il asséné dans l’hémicycle, en martelant que “seul le président Trump” aurait pu arrêter la foule. Et de lâcher, indigné: “A la place, il a regardé la télévision, heureux… heureux pendant le chaos”.
Puis il avait pris soin de souligner que, redevenu “simple citoyen”, l’homme d’affaires pouvait être poursuivi en justice: “Il n’a encore échappé à rien”.
Et pas question de lui laisser la main dans les prochaines élections, a souligné Mitch McConnell, en assurant que c’est lui qui pèserait sur le choix des candidats républicains.
“Certains seront peut-être des gens que l’ex-président aime. D’autres peut-être pas. La seule chose qui m’importe, c’est qu’ils puissent gagner”, a-t-il déclaré à Politico.
Faire table rase de l’ère Trump ou jurer fidélité au milliardaire pour gagner? Depuis le 6 janvier, les couteaux sont tirés au parti républicain.
Pendant que le vétéran du Sénat marque la rupture, d’autres courtisent publiquement le milliardaire, jusque dans sa luxueuse résidence en Floride.
Le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy, s’est ainsi laissé photographier tout sourire dans les salons dorés de Mar-a-Lago fin janvier.
Et le sénateur Lindsey Graham, fidèle entre les fidèles, proclamait fièrement dimanche qu’il lui rendrait visite cette semaine: l’ex-président reste la “force la plus puissante” du parti républicain, a-t-il déclaré sur Fox. Le “mouvement Trump est en pleine forme”.
Afp