La directrice du FMI a estimé mardi que les réformes en Tunisie devaient “s’accélérer”, alors que le pays est en proie à une vague de contestation sociale, la population étant exaspérée par l’absence d’améliorations des conditions économiques.
La Tunisie, en difficulté financière après plusieurs années de marasme économique, notamment dû à la chute du tourisme après une série d’attentats en 2015, a obtenu en 2016 un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans du Fonds monétaire international (FMI). En échange, elle s’est engagée à une réduction de son déficit public et à des réformes économiques.
“Il faut savoir qu’on est vraiment dans un moment de transition où ces réformes doivent s’accélérer (…) pour offrir un cadre d’une économie stabilisée où les investisseurs sont rassurés, où les entreprises réinvestissent, où les entreprises sont prêtes à nouveau à créer des emplois”, a affirmé Christine Lagarde sur France 24.
“Suffisamment de mesures doivent être prises pour protéger les plus pauvres (…) mais en même temps, il faut aussi comprendre que dans certains domaines, la fiscalité doit être honorée (…) et il faut graduellement passer d’un système de subventions pour tous à un système ciblé de soutien aux populations qui en ont le plus besoin”, a-t-elle poursuivi.
La Tunisie, où le président français Emmanuel Macron effectue un déplacement de deux jours, vient de connaître une nouvelle poussée de fièvre marquée par des manifestations, dont certaines ont dégénéré en émeutes nocturnes, dans plusieurs villes tunisiennes. Cette contestation a été exacerbée par l’entrée en vigueur début janvier d’un budget d’austérité.
“Pourquoi il y a cette frustration ? Parce qu’il y a un certain nombre de réformes qui ont commencé à être engagées (…) mais pour l’instant les gens n’en voient pas encore les résultats, ils voient surtout une augmentation des prix (…) qui est là, stagnante”, a analysé la patronne du FMI.
Après des années de quasi stagnation, le pays a enregistré un net frémissement de sa croissance (2% en 2017, contre 0,8% en 2015 et 1% en 2016). Mais il n’a encore eu aucun impact sur l’emploi, avec un chômage qui reste au-dessus de 15%, et dépasse 30% chez les jeunes diplômés.
Les prix ont par ailleurs grimpé de 6% en 2017 sur fond de dépréciation du dinar et de hausse des impôts et les analystes tablent sur une accélération de l’inflation cette année.
Afp