Les télévisions turques diffusent en direct les images d’immeubles effondrés, rapporte notre correspondante, Anne Andlauer. Des images de secouristes ordonnant le silence, puis criant « quelqu’un m’entend-il ? » au milieu des décombres. En tout début d’après-midi ce samedi, alors que les caméras filmaient, les secouristes ont entendu une voix sous les ruines d’un bâtiment du quartier de Mustafa Pasa, au centre d’Elazig. Une heure plus tard, un adolescent de 16 ans était extrait vivant de cet immeuble qui comptait, autrefois, cinq étages.

Les répliques compliquent le travail des sauveteurs

Dans le district de Maden, toujours à Elazig, une femme enceinte de six mois a pu être sauvée en début de matinée, mais son fils de 12 ans a succombé à ses blessures. Les nombreuses répliques – près d’une centaine dans les douze heures qui ont suivi la première secousse – compliquent le travail des équipes de secours.
Les autorités appellent les habitants à ne pas retourner dans les immeubles endommagés. Ils dorment chez des proches, dans des tentes ou des bâtiments municipaux. A Adiyaman, une province située au sud d’Elazig, les 814 détenus d’une prison sont en cours de transfert vers d’autres centres de détention. De nombreux habitants ont passé la nuit de vendredi à samedi, dans un froid mordant (il a fait près de – 10 degrés Celsius), mais paniqués à l’idée de rentrer chez eux. Des habitants inquiets du sort de leurs proches, alors que les lignes de téléphonie mobile sont restées perturbées pendant de longues heures.

Des secousses ressenties jusqu’en Syrie et au Liban

Les autorités s’inquiètent du sort des habitants de nombreux villages éloignés des centres urbains. Le tremblement de terre a eu lieu vers 20 h 55, heure locale, selon l’Agence gouvernementale des situations de catastrophe (AFAD). La secousse a été mesurée à 6,8 sur l’échelle de Richter.

Signe de la violence des secousses, on a ressenti le tremblement de terre dans tout l’est de la Turquie, de Samsun sur la mer Noire, à Kilis, 700 kilomètres plus au sud, à la frontière turco-syrienne.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est attendu dans la région. « Toutes les mesures nécessaires » seront prises pour venir en aide aux zones frappées par la secousse a-t-il écrit dans un message diffusé sur Twitter. « Avec toutes nos institutions, notamment l’AFAD et le Croissant rouge, nous nous tenons aux côtés de notre peuple ».

Un pays sismique

La Turquie est située sur plusieurs lignes de failles aussi est-elle fréquemment touchée par des séismes.  En 1999, un tremblement de terre de magnitude 7,4 avait frappé le nord-ouest du pays, faisant plus de 17.000 morts, dont un millier à Istanbul. Le dernier puissant séisme à frapper la Turquie, était de 7,1 sur l’échelle de Richter. Il s’était produit en 2011 dans la province de Van, à l’est du pays, faisant plus de 600 morts. En septembre, un séisme de magnitude 5,7 avait touché Istanbul, la capitale économique du pays. Cela faisait des années que les experts mettaient en garde contre la possibilité d’un séisme important dans l’est du pays.