Le bilan de la répression de la marche du 21 janvier en République démocratique du Congo est toujours contradictoire. Alors que la Cenco, la Conférence des évêques, parle de 6 morts (le même chiffre est avancé par la Monusco) et de 127 blessés, le gouvernement insiste sur le nombre de deux morts.
Le cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa interpellait mardi les autorités. Pour le porte-parole de la majorité présidentielle, Alain Atundu, la responsabilité de ces violences est partagée.
Il faut de la retenue, insiste Alain Atundu, interrogé par RFI. « Les propos du cardinal, à mon sens, relèvent de l’hyperbole politique. Je pense qu’il faut de la retenue de la part de tout le monde. Le plus important ici ce n’est pas la comptabilité macabre des morts. Dix, deux… Une seule personne morte c’est une grande responsabilité de la communauté. Et donc, chacun doit se sentir responsable. Je crois que, y compris le cardinal.
«Faire des omelettes sans casser des oeufs»
Vous savez, lorsqu’on fait des provocations, il faut bien que la police rétablisse de l’ordre. Malheureusement, on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs. Et dans notre législation, toute mort d’homme implique une investigation. Et donc, une investigation pour identifier les coupables et les responsabilités, pour que la loi puisse agir conséquemment ».
La Monusco a tenu mercredi une conférence de presse au cours de laquelle il a été de nouveau question de la marche du 21 janvier et notamment de la situation à la maternité des Religieuses du quartier Delvaux où s’étaient réfugiés des manifestants. Et dans cette course-poursuite, les policiers et les militaires ont tiré des projectiles qui sont tombés sur la cour intérieure de l’établissement, alors que se tenait la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco.
Abdoul Aziz Thioye, directeur du bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme, a regretté cet incident. « C’est bien malheureux que des gaz lacrymogènes aient pu atterrir dans l’enceinte de l’Institut de santé qui abrite les nouveau-nés ».
Des agents de la Monusco également molestés
Bon nombre de personnes arrêtées lors des manifestations du 21 janvier ont été relâchées, a affirmé Abdoul Aziz Thioye. « Il y a quand même un effort de coopération des autorités policières, qui ont vraiment coopéré (et) relâché assez rapidement beaucoup de personnes qui avaient été arrêtées dans le cadre de la marche du 21 janvier 2018 ».
Mais des agents de la Monusco ont été, eux aussi, confrontés à l’hostilité et à l’agressivité de certains militaires et policiers déployés sur le terrain.
rfi