A ce stade, encore peu d’enfants ont été atteints par le nouveau coronavirus 2019-nCov, phénomène que les scientifiques n’expliquent que par des hypothèses. Ils estiment qu’il faut mieux qu’il en soit ainsi et expliquent pourquoi.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, peu de cas d’infections au coronavirus 2019-nCov ont été déclarés chez des enfants, alors même que l’épidémie a par ailleurs fait plus de 600 morts et affecté plus de 31 000 personnes de par le monde (d’après les derniers chiffres du site du Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering (CSSE) répertoriant les cas de contamination).
Bien qu’il soit difficile de savoir le nombre d’enfants touchés par le coronavirus, cette population semble encore relativement épargnée. “D’après tout ce que nous avons vu, et pour des raisons qui ne sont pas claires pour nous, il semble que cela affecte principalement les adultes”, a déclaré au Business Insider Richard Martinello, professeur agrégé de maladies infectieuses à la Yale School of Medicine (Connecticut, États-Unis). “Certains des rapports qui ont été publiés jusqu’à présent en provenance de Chine sont issus d’hôpitaux pour adultes et non d’hôpitaux pédiatriques, il se pourrait donc que nous ne voyions pas encore ces données”, a-t-il nuancé.
Une étude scientifique publiée fin janvier dans le New England Journal of Medicine et menée auprès de 425 personnes infectées indiquait que “les enfants pourraient être moins susceptibles d’être infectés, ou [que] s’il sont infectés, pourraient présenter des symptômes plus légers” que les adultes.
Le même phénomène avait déjà été observé lors de l’épidémie de coronavirus SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) en 2002-2003, puisque seuls 80 cas d’enfants infectés ont été confirmés par des analyses. L’épidémie avait alors fait 774 mort et avait touché plus de 8 000 personnes. Aucun enfant ou adolescent n’est décédé de ce virus.
Pour ce qui est de l’actuelle épidémie de coronavirus, deux explications cohabitent pour expliquer pourquoi si peu d’enfants sont atteints : ils ont été moins exposés en premier lieu, et/ou il y a quelque chose de différent avec l’adulte dans la façon dont leur corps réagit au virus. Selon David Weber, professeur d’épidémiologie et de pédiatrie à l’Université de Caroline du Nord, interrogé par Business Insider, ce faible nombre de cas chez l’enfant s’expliquerait du fait que l’épidémie a débuté sur un marché d’animaux et de fruits de mer de Wuhan, un lieu peu fréquenté par les enfants.
Quoi qu’il en soit, les scientifiques s’accordent à dire que ce faible nombre de cas chez l’enfant est une très bonne chose, car les enfants sont moins susceptibles de s’astreindre à des règles d’hygiène strictes (lavage consciencieux et régulier des mains, masque sur la bouche, absence de contact avec autrui…). Ils pourraient donc davantage transmettre de germes et accélérer la propagation du coronavirus.
“Si nous pouvons protéger les enfants – un, c’est bon pour eux, mais deux, c’est bon pour la population”, a déclaré à Business Insider Aaron Milstone, épidémiologiste et professeur de pédiatrie à l’Université Johns Hopkins. “S’il pénètre dans la population pédiatrique, cela pourrait amplifier l’épidémie”, a ainsi prévenu la spécialiste.