L’opposant Guy-Brice Parfait Kolélas, décédé des suites du Covid-19, rêvait d’imposer l'”alternance” face à l’indéboulonnable chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso lors de la présidentielle qui s’est tenue dimanche au Congo-Brazzaville.
Agé de 60 ans et testé positif au Covid-19 vendredi après-midi, il est “décédé dans l’avion médicalisé qui était venu le chercher à Brazzaville dimanche après-midi”, a déclaré lundi à l’AFP son directeur de campagne Christian Cyr Rodrigue Mayanda.
A quelques heures du scrutin, celui qui fut un temps ministre de la pêche avait publié une vidéo dans laquelle il affirmait “se battre contre la mort” mais avait appelé la population à “voter pour le changement”.
Parfait Kolélas (“Pako”, pour les intimes) était un économiste arrivé en politique sur les conseils de son père, Bernard Kolélas, disparu en 2009 après avoir lutté contre le colonialisme et tous les régimes qui ont dirigé le Congo après son indépendance en 1960.
Proclamé deuxième de la présidentielle de 2016 remportée par M. Sassou Nguesso dès le premier tour, Parfait Kolélas, devenu cadre à la retraite, se disait prêt à réaliser l’alternance au regard de sa “base électorale” constituée des membres de la communauté lari habitant la région du Pool (Sud) et les quartiers Sud de Brazzaville, dans ce pays de 5,2 millions d’habitants, à l’histoire politique mouvementée.
Né à Brazzaville, Parfait Kolélas avait obtenu en 1987 un diplôme de troisième cycle d’études supérieures spécialisées (DESS) en économie et gestion des transports internationaux à Mulhouse-Colmar en France. Il avait enchaîné sur un doctorat en économie.
Il avait ensuite enseigné dans des universités françaises avant de rentrer au pays où il avait travaillé au ministère de l’Administration du territoire.
Son père Bernard Kolélas avait été nommé Premier ministre en 1997 par le président Pascal Lissouba, et sa milice avait prêté main-forte à celle du chef de l’Etat dans Brazzaville face aux miliciens de Denis Sassou Nguesso.
Soutenu notamment par l’Angola, Sassou Nguesso avait remporté la guerre et pris le pouvoir. Bernard Kolélas s’était alors trouvé contraint à l’exil au Mali avec sa famille, dont Guy-Brice Parfait Kolélas, son quatrième fils.
“C’est en plein exil que mon père m’a demandé de poursuivre le combat politique. Il ne l’a dit qu’à moi, pas aux autres, alors que nous [étions] douze frères et sœurs”, avait affirmé Parfait Kolélas lors d’un récent meeting.
– Finaliste en 2016 –
Parfait Kolélas retourne au pays en 2005 après la mort de sa mère, dont le pouvoir de M. Sassou Nguesso a autorisé l’inhumation à Brazzaville.
En 2007, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCCDI), parti créé par Kolélas père en 1990, signe un accord de gouvernement avec le Parti congolais du travail (PCT) de Denis Sassou Nguesso.
Profitant de cet accord, Parfait Kolélas intègre le gouvernement en 2009 comme ministre de la Pêche avant d’occuper le portefeuille de la Fonction publique et de la Réforme de l’État jusqu’en 2015.
Mais les prises de position du ministre Parfait Kolélas dérangent ses partenaires du pouvoir lorsqu’il s’oppose publiquement en 2015, mais en vain, à la réforme de la Constitution qui permet au président de se représenter après deux mandats.
Sassou Nguesso est proclamé vainqueur de la présidentielle contestée de 2016, à laquelle Parfait Kolélas avait pris part après avoir créé son parti, l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki).
Soutenu par l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, M. Kolélas est officiellement classé deuxième avec 15% de suffrages. Il avait déclaré “avoir pris acte des résultats” sans les avoir “jamais reconnus”.
Afp