la Chine a vivement réagi, ce mercredi 4 décembre, à l’adoption d’un nouveau projet de loi dit « Ouighour act » par le Parlement des États-Unis. Le texte, adopté à la quasi unanimité de la Chambre des représentants ouvre la voie à des sanctions contre les personnes et institutions accusée de violer les droits de l’homme au Xinjiang.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Voilà longtemps que Pékin ne nie plus l’existence des camps de détention pour Ouïghours dans le grand-ouest chinois. Si ces camps existent bel bien, martèlent les médias d’État ce mercredi 4 décembre, ce n’est pas une question de religions, d’ethnie ou de droits de l’homme, c’est pour lutter contre l’islamisme radical. « Le projet de loi américain noircit nos efforts en matière de lutte contre le terrorisme et de déradicalisation au Xinjiang » a ainsi déclaré ce matin l’une des porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères exhortant l’Amérique à corriger le tir, tout en menaçant de prendre des contremesures.
Des « centres d’enseignement »…
« Aucun incident terroriste ne s’est produit au Xinjiang depuis trois ans, la propagation de l’extrémisme a été effectivement freinée, et l’ordre social s’est considérablement amélioré », affirment de leur côté les services de propagande de la région autonome ouïghoure selon lesquels ces camps de détention ne seraient en réalité que des « centres d’enseignement ou de formation professionnelle […] destinés à des personnes influencées par l’extrémisme religieux ou celles qui ont commis des crimes mineurs. »
Sur les réseaux sociaux, étroitement surveillés par la censure, les commentateurs dénoncent le « deux poids deux mesures de l’Occident », « l’hypocrisie des États-Unis » ou encore une « interférence dans les affaires intérieures de la Chine ». Le sénateur de Floride, Marco Rubio, à l’initiative du texte, est qualifié de « clown antichinois », tandis que sur twitter le rédacteur en chef du Global Times, organe officiel du régime, affirme que tous les détenteurs d’un passeport diplomatique américain pourraient bientôt se voir interdire d’entrer au Xinjiang.
Durcissement
Le discours se durcit, alors que Pékin semble accuser le coup. Après l’adoption du « Democracy act » sur Hong Kong, c’est la deuxième fois en une semaine que la Chine est visée par les législateurs aux États-Unis. Le texte remanié est plus musclé que la version initiale votée par le Sénat en septembre. Les autorités chinoises, jugées responsables ou complices de violations des droits de l’homme contre les musulmans chinois seraient, si la loi entre en vigueur possiblement directement visées par des sanctions.
Le premier concerné n’étant autre que Chen Quanguo, le chef du parti communiste du territoire autonome du nord-ouest chinois. Le projet de loi renforce également le contrôle à l’exportation de technologies américaines qui pourraient être utilisées pour « contraindre la vie privée, la liberté de circulation et d’autres droits humains fondamentaux au Xinjiang. »