En quelques années, les fumeurs se sont approprié la e-cigarette comme aucun autre moyen de sevrage tabagique. Pourquoi vapoter et pour quel résultat ? Eléments de réponse.

Le chiffre est stupéfiant. Selon le Baromètre santé 2017 publié en juin 2019, environ 700 000 Français assurent que la cigarette électronique leur a permis d’arrêter de fumer. Pourtant, dans un rapport de juillet 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reprochait à la cigarette électronique d’être « incontestablement nocive ». Alors, que faut-il en penser ?
Une toxicité moindre que le tabac fumé
Une chose est sûre : partisans et détracteurs de la e-cigarette s’accordent sur un point : elle ne contient aucun des composés cancérigènes du tabac. Le Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, ne nie pas le manque d’études scientifiques. Mais, pour lui, les données déjà publiées font pencher la balance bénéfice/risque en faveur du vapotage :
« Dans le monde, des centaines de millions de personnes utilisent une cigarette électronique sans effets respiratoires connus et démontrés avec les produits européens. Certes, c’est un irritant. Mais il n’y a pas photo par rapport à la dangerosité du tabac. »
De son côté, le Pr Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac, émet quelques bémols :
« Les risques de la e-cigarette sont largement inférieurs à ceux de la cigarette traditionnelle, à condition que son usage soit limité au temps du sevrage. »
Une aide efficace à l’arrêt du tabac
Selon deux études publiées en juillet 2019 (Jama internal medicine, Nicotine and tobacco research), les chances d’arrêter de fumer avec une e-cigarette sont plus élevées qu’avec d’autres méthodes.Des résultats encourageants, mais qui méritent confirmation.
Une chose est sûre, fumer et vapoter en même temps est un « non-sens ». Selon le Pr Josseran il n’y a pas de « réduction des risques » puisque le vapofumeur continue à inhaler des composés cancérigènes.
En revanche, la e-cigarette peut apporter à l’organisme la nicotine nécessaire pour compenser le manque, lors de l’arrêt du tabac.
« La e-cigarette permet, mieux que les patchs seuls, d’avoir en permanence le taux de nicotine dont le corps du fumeur a besoin », assure le Pr Dautzenberg.
Le fait de pouvoir utiliser la cigarette électronique est bénéfique, surtout aux gros fumeurs très dépendants au tabac, et ayant décidé de se sevrer totalement. Ces gros fumeurs peuvent compléter, en cas de besoin, avec des patchs. Pour encore plus de conseils pour réussir à arrêter de fumer en vapotant, découvrez les conseils vidéo du Dr Marion Adler, tabacologue.
En vidéo : Bien utiliser une cigarette électronique – interview vidéo
Réussir à se sevrer de sa e-cigarette
Il n’est pas toujours facile, ensuite, de se sevrer de sa “e-nicotine”. Pour la grande majorité des vapoteurs, le besoin diminue d’environ 1 % par jour après la dernière cigarette. Le Pr Dautzenberg recommande « d’apporter à son corps la dose qu’il réclame ». « En trois mois, le besoin a baissé de 90 %. Après, ce n’est plus qu’une question de comportement », explique-t-il. Il va aussi falloir se sevrer de la gestuelle liée à la e-cigarette.
En France, les produits respectent une réglementation stricte. Les fabricants de cigarette électronique doivent déposer la composition intégrale de leurs produits, qui sont expertisés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire au moins six mois avant leur commercialisation. Il existe aussi des normes Afnor – une sur la cigarette électronique, une sur les e-liquides – qui garantissent notamment l’absence de mercure et de bisphénol, la qualité pharmaceutique de la nicotine utilisée. Normes XP D90-300-1 et XP D90-300-2, sur la base du volontariat.