Pour limiter la propagation du covid-19, les autorités du Kenya ont demandé à la bourse du café de Nairobi d’interrompre ses enchères. Une des multiples perturbations causées par le coronavirus à toute la filière mondiale du café.
La bourse du café de Nairobi a interrompu ses enchères électroniques en pleine séance, le 31 mars dernier. Décision des autorités kényanes pour enrayer la propagation du virus. Depuis, les 700 000 producteurs sont inquiets pour la commercialisation de leur récolte, troisième source de revenu d’exportation du pays.
Le café du Kenya est un arabica haut de gamme avant tout destiné aux artisans torréfacteurs en Europe et aux États-Unis. Un marché de niche, moins de 900 000 sacs de 60 kilos expédiés chaque année.
Le Honduras confiné en pleine récolte de café
L’impact est donc plus local, au Kenya, qu’international. La filière mondiale du café n’en subit pas moins de grosses perturbations à cause du coronavirus. Le Honduras, quatrième exportateur mondial, s’est vu imposer un confinement de 15 jours en pleine récolte, le Pérou également.
En Inde, des cargaisons de café attendent désespérément un tampon de l’administration pour quitter le port de Bangalore. Les containers encore bloqués en Chine manquent, les bateaux annulent des escales au Havre et ne livrent pas le café en temps voulu. Et ce alors que les consommateurs se sont rués sur les paquets de café dans les magasins. La peur de manquer avant d’être confiné chez soi. « Le soufflé est un peu retombé, mais en France, tout le monde a acheté son poids en café », ironise un négociant.
Crainte pour le Brésil qui n’a pas pris de mesures préventives
Ce qui a poussé les grands torréfacteurs qui fournissent la grande distribution à prendre un mois d’avance sur leurs achats de grains. Cette frénésie à court terme compensera-t-elle l’effondrement de la consommation de café hors domicile, puisque les bars, les restaurants et les hôtels ont fermé ? Pas sûr. Les prix de l’arabica se sont déjà repliés après un fort rebond depuis fin février.
Ce qui est certain, c’est que toute la filière du café doit s’adapter heure par heure à des perturbations incessantes. La grande crainte pour les mois à venir, c’est que le Brésil, qui entrera en récolte, la plus grosse de son histoire, manque de containers, ou soit confronté à une crise sanitaire majeure, puisqu’aucune mesure préventive n’a été prise par le gouvernement de Jair Bolsonaro.