L’essentiel des 74.600 électeurs seychellois ont commencé à voter samedi pour élire leur président et leurs députés, au dernier des trois jours d’un scrutin mené à travers 115 îles éparpillées dans l’océan Indien, inquiètes de l’effondrement des arrivées de touristes provoqué par la pandémie de Covid-19.
Jeudi et vendredi, les agents de la Commission électorale avaient sillonné par avion et bateau les “îles éloignées” pour y installer des bureaux de vote éphémères pour leurs quelques centaines de résidents – essentiellement employés d’hôtels et de la société publique de gestion des espaces protégés.
Samedi, c’est au tour des électeurs des trois principales îles – Mahé, Praslin, La Digue – où se concentrent plus de 99% des 98.000 habitants de cet archipel dont la plupart des terres émergées sont inhabitées, de se rendre aux urnes de 07H00 à 19H00 (03H00 à 15H00 GMT).
Au nord de Mahé, le bureau de vote de Bel Ombre, installé dans une école secondaire située juste à côté d’une magnifique plage de sable blanc, a ouvert peu après 07H00 avant de brièvement refermer ses portes, le temps de désinfecter les équipements, que les électeurs touchaient.
“On a eu quelques problèmes dans les procédures, mais maintenant ça va, on va rattraper notre retard”, a dit Jerry Souris, responsable de ce bureau de vote.
Certains des 3.261 électeurs de Bel Ombre sont arrivés dès 04H30 et, dans la matinée, une longue file d’attente débordait jusque dans la rue, parsemée de parapluies sous lesquels les électeurs se protégeaient du soleil.
“Je vote pour le même parti depuis toujours et je ne crois pas qu’un jour je changerai mon choix”, explique Yvonne Balthilde, 63 ans, arrivée peu après le lever du soleil.
Devenue majoritaire au Parlement en 2016, pour la première fois dans l’histoire du pays en 40 ans d’indépendance, l’opposition espère conquérir enfin la présidence, cinq ans après avoir échoué de justesse lors du précédent scrutin.
Elle mise notamment sur le désir de changement de la population pour battre le sortant Danny Faure, 58 ans, candidat de United Seychelles, nouveau nom de l’ex-parti unique qui a donné au pays tous ses chefs d’Etat depuis 1977.
Le président sortant a été le premier à voter au bureau de Beau Vallon, voisin de Bel Ombre.
“J’ai décidé de venir très tôt pour aller encourager les Seychellois à accomplir leur devoir, et cette après-midi, j’irai à Praslin et à La Digue”, a déclaré Danny Faure.
“Je pense remporter ces élections, et je respecterai le choix et la volonté du peuple seychellois.”
– Tourisme au ralenti –
L’opposition pourrait être handicapée par sa désunion: deux candidats affrontent M. Faure, propulsé à la tête de l’Etat par la démission en 2016 de James Michel, dont il était le vice-président, pour achever son mandat.
Principal adversaire de M. Faure, le prêtre anglican Wavel Ramkalawan se présente à 59 ans pour la sixième fois à la présidentielle, après avoir été défait de 193 voix seulement en 2015 par James Michel, qu’il avait contraint à un second tour, une première dans l’histoire du pays.
Il représentera Linyon Democratik Seselwa (LDS, Union démocratique seychelloise), qui détient 19 des 34 sièges du Parlement depuis les dernières législatives ayant débouché sur une “cohabitation à l’américaine” et contraint l’exécutif à composer avec une chambre hostile.
Ex-ministre du Tourisme – moteur de l’économie des Seychelles avec l’industrie thonière – Alain St Ange se présente sous les couleurs d’un nouveau parti, One Seychelles, né il y a un an à peine.
Si l’archipel n’a enregistré que 149 contaminations, le Covid-19 a bouleversé la campagne électorale en empêchant tout meeting et en plaçant au coeur des préoccupations des Seychellois l’impact de la pandémie sur l’économie.
Le nombre de visiteurs s’est effondré depuis mars dans l’archipel réputé pour ses paysages paradisiaques de plages de sable fin et d’eaux turquoise.
Le secteur tourne désormais au ralenti et environ 700 Seychellois ont perdu leur emploi en raison de l’épidémie.
Pays dont le revenu par habitant était le plus élevé d’Afrique en 2019, les Seychelles connaissent néanmoins de fortes inégalités. Le Bureau national des Statistiques estime que 40% des Seychellois vivent sous le seuil de pauvreté, en raison du coût élevé de la vie.
Afp