Dans la région du Rif, dans le nord du Maroc, les forces de l’ordre ont violemment dispersé jeudi 20 juillet, en fin d’après-midi, des rassemblements à Al Hoceïma. La ville est l’épicentre d’un mouvement de contestation qui perdure depuis la mort en octobre 2016, d’un vendeur de poissons. Le 29 mai 2017, Nasser Zefzafi, chef de file de la contestation a été arrêté et 176 personnes ont été placées en détention préventive depuis le début du mouvement. Des dizaines de personnes ont été condamnées à des peines de prison. Jeudi, ce devait être une grande marche pour réclamer la libération de tous les détenus mais elle était interdite.
Vers 17 heures, de petits groupes de manifestants ont commencé à se rejoindre dans plusieurs points de la ville. La police est immédiatement intervenue avec une violence qui a surpris Youness, un militant de l’association marocaine des droits de l’homme : « J’ai vu trois fois un véhicule de police accélérer et foncer dans la foule pour disperser les manifestants. C’était une manière très dangereuse de chasser les manifestants. Sinon il y a eu une utilisation intensive de gaz lacrymogènes dans des petites ruelles et même à l’intérieur des maisons. C’est incompréhensible ce qu’ils ont fait. On est habitué à la répression des manifestations pacifiques mais, aujourd’hui, c’était cruel. Un véhicule qui fonce dans la foule pour disperser, on ne s’attendait pas à cette cruauté. »
Des manifestants ont été arrêtés, tabassés, comme le raconte Ayoub, un activiste : « J’ai vu la manière dont ils ont arrêté un manifestant. Ils l’ont matraqué, ils l’ont frappé, ils l’ont emmené dans la voiture de police. Ils étaient vraiment très violents. A la place de répondre aux revendications des manifestants, ils répondent par la répression, par la violence. »
La connexion internet a été largement ralentie jeudi, par moments interrompue, et le réseau téléphonique a été perturbé dans toute la ville. « Ils veulent matraquer en silence, s’indigne Ayoub, mais c’est peine perdue. Nous restons mobilisés. »
rfi