En Guinée, le 28 septembre est une date symbolique pour la justice. Cela fera bientôt huit ans qu’a eu lieu le massacre du stade de Conakry.
Depuis, les victimes n’ont toujours pas obtenu justice mais n’en démordent pas. Les quatre ONG de défense des droits humains – dont l’organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) qui sont également parties civiles dans cette affaire – ont animé, vendredi 28 juillet, une conférence de presse pour dénoncer la lenteur de la procédure et exprimer le ras-le-bol des victimes.
Quatorze personnes civiles et militaires ont été inculpées dans ce qui est appelé « Le massacre du 28 septembre à Conakry, le triste souvenir ». Un lourd héritage pour le gouvernement guinéen qui doit pourtant y faire face.
« Tout le monde en convient aujourd’hui, la question du 28 septembre est une épine dans le pied de la Guinée qu’il faut retirer pour pouvoir aller de l’avant et pouvoir marcher enfin librement », souligne Florent Geel, de la FIDH.
Cela fait bientôt huit ans que cette instruction est ouverte et pour combien de temps encore ? Florent Geel lance un appel.
« Il est temps maintenant d’avancer. Il est temps maintenant de passer cette étape et nous appelons solennellement ; nous exigeons même, des autorités judiciaires, dans le respect de l’indépendance, qu’elles clôturent cette affaire et permettent enfin aux victimes de pouvoir être confrontées à leur bourreau », a-t-il déclaré.
Si ce procès tarde à voir le jour, les ONG de défense des droits humains n’excluent pas de saisir d’autres tribunaux à l’international, mais nous n’en sommes pas encore là.
« La Guinée a une occasion historique de pouvoir poursuivre l’œuvre de justice qui a été initiée en Afrique, notamment avec le procès Hissène Habré. Voir des auteurs de crimes les plus graves jugés sur le continent africain, par la justice africaine, et faire en sorte que tous les grands mots de nos dirigeants parlant de l’indépendance de la justice ou encore de solutions africaines aux problèmes africains, eh bien ils peuvent le démontrer, dès maintenant », a insisté Florent Geel.
De nos jours, la question que bon nombre de Guinéens – notamment les victimes – se posent, c’est de savoir si ce procès pourra un jour se tenir en Guinée.
Selon une commission internationale d’enquête de l’ONU, le 28 septembre 2009, des militaires avaient tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes, dans un stade de Conakry. Des milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle du chef de la junte de l’époque, Moussa Dadis Camara, y étaient rassemblés.
Moussa Dadis Camara vit actuellement en exil au Burkina Faso où il a été inculpé, en juillet 2015, par des magistrats guinéens, pour son implication présumée dans le massacre.
rfi