Saturday, January 25, 2025
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Moïse Katumbi (RDC): «Je vais rentrer au pays, ma conscience est tranquille»

Moïse Katumbi est-il prêt à rentrer chez lui, au Congo-Kinshasa, au risque d’aller en prison ? Le 20 mai dernier, après avoir été sérieusement bousculé lors de la répression d’une manifestation, l’opposant congolais est parti à l’étranger pour se faire soigner. Puis le 22 juin, en son absence, il a été condamné à trois ans de prison pour litige immobilier. Que va-t-il choisir ? L’exil ou le retour ? Après plusieurs semaines de silence, l’ancien gouverneur du Katanga répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Le 29 juin dernier dans un discours à la nation, le président congolais a promis que plus rien ne pourra arrêter le train de futures élections. Alors pourquoi dites-vous que Joseph Kabila a raté son discours ?

Moïse Katumbi : Le président a raté son discours parce que le président Kabila a laissé le flou. Il devait dire : ‘Voilà, je vais partir. Je vais dire au revoir au peuple’.

En réaction, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, affirme que c’est de votre part une tentative pathétique pour détourner l’attention de vos déboires judiciaires.

Vous savez, d’abord est-ce qu’il y a la justice chez nous au Congo ? La justice est morte ! J’étais autorisé par le procureur général pour venir me faire soigner parce que j’ai été agressé par deux policiers cagoulés, malgré qu’on m’a autorisé, j’ai été condamné par une citation directe pour un immeuble qui appartient à mon grand frère. Qui n’appartient pas à Moïse Katumbi. Donc c’est un procès politique.

Moïse Katumbi, vous êtes candidat à la présidentielle qui est programmée à la fin de cette année, mais après cette condamnation à trois ans de prison est-ce que vous n’êtes pas inéligible ?

Je ne suis pas inéligible. Moïse Katumbi reste candidat et je suis déterminé. D’abord, c’est une fausse condamnation, c’est un montage. Ils croient qu’avec ça, parce que j’ai été condamné, que je ne vais pas rentrer au pays. Je vais rentrer au pays, ma conscience est tranquille. Et tous ces gens qui sont en train de monter tous ces dossiers doivent faire très attention parce qu’ils seront un jour interpelés quand il y aura la vraie justice. Ils seront jugés pour ça.

Vous êtes poursuivi également pour recrutement de mercenaires présumés et sous la menace d’un autre procès pour atteinte à la sûreté de l’Etat, vous avez quitté le Congo, c’était le 20 mai dernier. Est-ce que maintenant vous n’êtes pas de fait en exil ?

Je ne suis pas en exil. Je suis venu pour des soins médicaux et je vais rentrer bientôt quand j’aurai terminé avec mes soins. Et je vais demander aussi au peuple congolais : quand ils voient le président passer ou les autorités politiques on doit leur dire au revoir. On doit leur faire un signe. On doit dire : au revoir, monsieur le président. Après le 19 décembre, la population va récupérer le mandat présidentiel.

Certains disent que le 20 mai, quand vous avez quitté Lubumbashi pour l’étranger, vous avez surjoué vos problèmes médicaux pour vous mettre à l’abri.

Pas du tout parce que le gouvernement et même la justice m’ont envoyé trois médecins légistes de Kinshasa pour venir confirmer le rapport de mes médecins. Et ces médecins légistes ont confirmé. Au contraire, si j’étais bien portant, si je n’avais pas été agressé, je pouvais encore rester au pays.

En quittant le territoire le 20 mai dernier est-ce que vous ne vous êtes pas mis hors-jeu et est-ce que ce n’est pas cela justement qu’espérait le pouvoir ?

Non. Vous savez, d’abord c’est la santé. S’il y avait un grand centre spécialisé, j’allais rester au pays.

Mais quand vous avez quitté le territoire, vous ne croyez pas que certains à Kinshasa du côté du pouvoir se sont frotté les mains en se disant bon débarras ?

Ils croyaient que c’était un bon débarras, mais ils se sont trompés de cible ! Parce que Moïse Katumbi est venu se faire soigner pour rentrer au pays.

Et quand allez-vous rentrer ?

Je vais rentrer le plus vite possible, quand les médecins vont me libérer.

D’ici combien de temps ? Plusieurs jours, plusieurs semaines ou plusieurs mois ?

Ça dépend des médecins. Peut-être après un mois ou quelques semaines.

Dans l’opposition, l’UDPS annonce le retour d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa le 31 juillet à l’occasion d’une grande manifestation de l’opposition. Est-ce que vous y serez ? Est-ce que vous pourriez rentrer à ce moment-là avec le leader de l’UDPS ?

Si je suis libéré avant par le médecin, je vais attendre le président Tshisekedi à Kinshasa. Et je demanderai à tout le peuple congolais de venir accueillir le président Tshisekedi, le rassemblement de l’opposition politique.

Et que répondez-vous à ceux qui disent que vous n’aurez pas le courage de rentrer ?

J’étais à Lubumbashi, j’ai toujours eu le courage et je vais rentrer.

Au risque de la prison ?

Vous savez, d’abord c’est une fausse condamnation. Je n’irai pas en prison et je vais annoncer la date de mon retour le plus vite possible et je vais descendre à Kinshasa.

La Cour constitutionnelle vient d’autoriser le président Kabila à rester au pouvoir au-delà du 19 décembre, date limite de son mandat.

La Cour constitutionnelle d’abord n’a pas le droit de donner un mandat de plus ou un jour de plus au président Joseph Kabila. La Cour constitutionnelle n’est pas au-dessus de la Constitution. Le pouvoir appartient au peuple. C’est pour cela, si la Céni ne convoque pas l’élection présidentielle au mois de septembre, la population est là. Les marches pacifiques vont commencer.

Il y a un mois, les grandes figures de l’opposition se sont réunies à Genval, près de Bruxelles. Pourquoi n’y étiez-vous pas, Moïse Katumbi ?

J’étais souffrant. J’étais à Londres, j’étais en train de suivre le traitement. Mais même si je n’étais pas là, j’étais très bien représenté.

Donc vous êtes solidaire ?

Je suis solidaire et je soutiens le rassemblement de l’opposition. C’est une grande victoire du peuple congolais.

Et vous êtes toujours candidat ?

Je suis toujours candidat et je le reste. Personne ne peut m’intimider. Ils croient qu’avec de fausses condamnations Moïse Katumbi va faire marche arrière. Au contraire, là, ils sont encore en train de faire ma propre campagne en me condamnant chaque semaine.

Le dialogue pouvoir-opposition initié par l’Union africaine avec le facilitateur togolais Edem Kodjo, vous y croyez ou pas ?

Vous savez, si c’est la résolution 22-77, l’opposition est prête. Mais si c’est le dialogue du président Kabila pour qu’il puisse rester au pouvoir, nous ne serons jamais d’accord parce que nous devons faire respecter la Constitution.

Moïse Katumbi, le retour à Kinshasa avant la fin de ce mois c’est possible ?

Tout dépendra de mes médecins. Peut-être avant la fin de ce mois, peut-être le mois prochain. Mais je préfère peut-être arriver avant. Je vais demander aux médecins si je peux arriver bien avant l’arrivée du président Tshisekedi ou je vais arriver ensemble, avec le président Tshisekedi.

rfi

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