Friday, March 29, 2024
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Oumou Sangaré (Mali): «On va promouvoir tous les styles et rythmes du Wassoulou»

Le tout premier festival de musique du Wassoulou se tient depuis hier et encore ce samedi 30 avril dans le sud-ouest du Mali, près de Sikasso, à l’initiative de la chanteuse Oumou Sangaré, représentante mondialement connue des rythmes traditionnels de la région. Notre envoyé spécial a rencontré Oumou Sangaré qui présente les musiques du Wassoulou, évoque ses engagements et projets, parle de la création artistique au Mali dans le contexte sécuritaire tendu du pays et de l’œuvre de Papa Wemba, tombé sur scène il y a une semaine.

Oumou Sangaré, vous organisez un festival inédit qui est consacré à la musique du Wassoulou. Le Wassoulou, c’est votre région natale au sud-ouest du Mali. Elle s’étend jusqu’en Guinée, jusqu’en Côte d’Ivoire. Un mot sur ce festival, quel est l’objectif ?

Oumou Sangaré : C’est de faire sortir le Wassoulou encore plus, parce que le Wassoulou est une partie du Mali qui est extrêmement riche en musique. Il y a tellement de choses là-bas à découvrir encore ! C’est énorme ! Il y a plus de 200 rythmes dans le Wassoulou. On va faire quelque chose qui va promouvoir tous les rythmes cachés encore dans le Wassoulou, tous les instruments, tous les styles… que même le reste du Mali ne connaît pas.

Au final vous allez faire combien de concerts ? Pendant combien de jours ? Qui est-ce qui va jouer ?

Il y a beaucoup de gens qui vont jouer… Il y a Samba Diallo qui va jouer, il y a Oumou Sangaré – moi-même – qui vais jouer, il y a Wassolo Fanta qui va jouer… Et plein de jeunes. Pour un début, on va y aller comme ça avec les artistes du Wassoulou – locaux seulement – et puis les artistes du Wassoulou international.

Vous avez choisi d’organiser ce festival sur la musique du Wassoulou au Wassoulou, à 240 kilomètres de Bamako. C’est important dans le contexte actuel, malgré la menace terroriste, de continuer d’aller dans les régions pour faire des concerts ?

Tout à fait. C’est hyper important. Vous savez, notre rôle à nous les artistes, c’est d’être à côté de la population durant les moments durs. Parce que tout le monde pense à ces terrorises-là. Donc nous, notre rôle c’est vraiment de dire non, on doit continuer à vivre, on ne va pas s’arrêter. Et surtout dans le sud aussi, il n’y avait pas un vrai Festival international. Le sud en avait besoin, surtout que le Wassoulou en avait besoin.

Il y a d’autres festivals dans le sud du Mali à Sélingué, à Ségou. Vous, vous avez voulu faire le vôtre jusque dans le Wassoulou. Ces derniers temps il y a aussi des événements culturels qui ont dû être annulés, justement à cause du contexte sécuritaire. Est-ce qu’on a essayé de tenter de vous dissuader d’organiser ce festival ?

Non, on n’a pas essayé ça. Parce que je sais qu’il y a beaucoup de festivals dans le sud. Mais dans le Wassoulou, vers Sikasso, nous, on n’avait pas un grand Festival international.

Mais comment la sécurité va être assurée ?

On a approché les autorités… [qui] nous ont confirmé que la sécurité est assurée à 200 %…

Vous êtes avec Rokia Traoré, Salif Keïta, Ali Farka, d’autres encore – l’une des icônes internationalement connues de la musique malienne – aujourd’hui, compte tenu de l’actualité très mouvementée du pays depuis plusieurs années, comment jugez-vous l’état de santé de la création musicale malienne ?

… La musique tient debout quand même ! La musique est là et j’ai reçu l’invitation du Festival créé par Rokia Traoré, ma sœur…

Un festival de jazz qui se tient à Bamako à peu près en même temps que votre festival.

Voilà. Mais c’est juste pour vous dire que ça tient. Parce que nous, les artistes, on ne va pas baisser les bras, on est là auprès de nos populations. On est prêts à les épanouir.

Il y a pas mal de jeunes d’ailleurs – maliens – qui créent de nouvelles choses dans une veine souvent un peu hip-hop. Je pense à Inna Modja ou au rappeur comme Wati B, Talby, Iba One. Est-ce que vous êtes attentive à cette jeunesse musicale malienne ?

Très attentive. C’est pourquoi je vous ai dit que malgré la situation, la musique malienne se porte très, très bien. Comme vous avez dit, vous avez vu tous ces jeunes-là qui montent avec vitesse… Je prends l’exemple sur Iba One, sur Sidiki Diabaté, sur Inna Modja … J’ai même fait un petit duo avec Inna Modja qui passe actuellement.

Et vous, votre actualité c’est quoi ? Votre dernier album : « Seya », c’était quand même en 2009. Il y a un nouveau en préparation ?

Mon [nouvel] album est déjà prêt. Après le Festival international de la musique du Wassoulou je dois partir à Fès pour le Festival international au Maroc, pour continuer après sur Paris pour la promotion de mon prochain album qui est prêt.

Et qui va s’appeler comment ?

Ce sera une surprise. Je le garde pour moi encore.

Le Congolais Papa Wemba est mort le week-end dernier sur scène. Un commentaire, un hommage, après cette disparition d’une légende de la musique du continent ?

C’est très triste. L’Afrique a encore perdu une icône, l’Afrique a perdu un baobab mais ce qui est sûr [c’est que] Papa Wemba est immortalisé, comme on dit chez nous. Il n’est pas mort, il ne va pas mourir, il ne va jamais finir. On va continuer à l’écouter… Personnellement je l’aimais beaucoup. Je l’appelais « Papa », il m’aimait beaucoup. On se voyait chaque fois à Paris. Quand je l’ai appris, c’était un choc terrible ! C’était un artiste parfait ! Il était tellement attaché à la culture que tout ce qu’il faisait était art ! Même sa manière de s’habiller ! Sa manière d’être… était art… Il était un artiste complet. C’est ça qu’il nous a laissé.

rfi

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