Deuxième jour des plaidoiries des avocats de Khalifa Sall ce mardi. Le député maire est notamment soupçonné de détournements de derniers publics, de faux et usage de faux. Le procureur qui l’estime coupable a demandé une peine de 7 ans de prison et 5,5 milliards de francs CFA d’amende.
Après avoir argumenté sur les chefs d’inculpation lundi, les avocats de Khalifa Sall ont cherché à prouver que l’Etat, partie civile, n’avait pas sa place dans ce procès.
À la barre, l’argument est répété à longueur de journée : les fonds, qui ont été détournés selon le procureur et l’Etat, sont des fonds qui appartiennent à la ville. « La mairie a toujours estimé qu’il n’y avait pas de manquements dans la caisse, explique l’un des avocats de Khalifa Sall, et l’Etat vient nous dire qu’il a subi un préjudice ! Il y a un problème, monsieur le président ! »
Pour maître Amadou Aly Kane, l’Etat n’est donc pas partie civile, mais complice du procureur : « La ville dispose de son propre patrimoine qui est distinct du patrimoine de l’Etat. Nous avons le parquet officiel incarné par le procureur de la République, mais nous avons l’agent judiciaire de l’Etat qui en réalité joue ici un rôle de parquet bis. Ce n’est pas normal. »
Le réquisitoire du procureur, qui a demandé la relaxe pour les deux comptables de l’Etat chargés de décaisser les fonds, 30 millions de francs CFA chaque mois entre 2011 et 2015, a aussi été attaqué par la défense : « Les percepteurs savaient que ces fonds étaient politiques, s’ils sont relaxés, tout le monde doit être relaxé ».
Pour maître Yérim Thiam, cette volonté d’exclure l’Etat est une aberration : « C’est leur seul moyen de défense. Il faut écarter l’Etat parce qu’il n’y a pas préjudice s’il n’y a pas d’Etat. Comment voulez-vous qu’on soit convaincus par ça ».
Ce mercredi, les derniers avocats de Khalifa Sall tenteront de compléter les argumentaires de leurs confrères. Et demanderont à leur tour la relaxe de Khalifa Sall et des co-accusés.
rfi