Environ 6000 personnes dont des dizaines de généraux, de juges et de procureurs étaient en garde à vue dimanche matin en Turquie, selon les médias turcs. Ankara avait annoncé samedi l’arrestation de près de 3000 soldats pour leur rôle présumé dans le putsch échoué.
“Le grand ménage continue”, a affirmé dimanche le ministre de la Justice Bekir Bozdag cité par l’agence de presse progouvernementale Anadolu. Il a précisé que le nombre d’arrestations allait encore augmenter alors que les violences lors du putsch ont fait au moins 265 morts à Ankara et Istanbul.
Trente-quatre généraux appréhendés
D’après la télévision NTV, 34 généraux de différents grades ont été appréhendés jusqu’à présent. Il s’agit notamment de figures emblématiques de l’armée comme Erdal Ozturk, commandant de la troisième armée et Adem Huduti, commandant de la deuxième armée.
Tôt dimanche, dans la ville de Denizli (ouest), le commandant de la garnison Ozhan Ozbakir été arrêté avec 51 soldats, a annoncé l’agence Anadolu.
Par ailleurs, un haut gradé de l’armée de l’air et d’autres militaires de haut rang ont été arrêtés pour leur implication présumée sur la base d’Incirlik (sud), utilisée par la coalition internationale pour ses raids contre les djihadistes en Syrie, a annoncé dimanche le quotidien Hürriyet.
Les magistrats aussi
La purge ne se limite pas à l’armée, poursuit l’agence Anadolu, qui rapporte que des mandats d’arrêt ont été délivrés à l’encontre de 2745 juges et procureurs dans toute la Turquie.
L’agence Dogan a indiqué que 44 juges et procureurs avaient été appréhendés dans la nuit dans la ville de Konya (centre) et 92 dans celle de Gaziantep (sud-est).
Fethullah Gülen en ligne de mire
L’enquête a été confiée à des procureurs d’Ankara et les personnes arrêtées sont soupçonnées de liens avec le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen. Accusé par le président Erdogan d’avoir fomenté cette tentative de putsch, l’imam, opposant de longue date à Erdogan, a fermement démenti la moindre responsabilité.
Mais la Turquie a annoncé qu’elle considérerait être en guerre avec tous les Etats le soutenant, a averti le Premier ministre Binali Yildirim.
Protestations américaines
“Nous sommes parfaitement conscients que des questions vont se poser au sujet de M. Gülen et nous invitons évidemment le gouvernement turc (…) à nous présenter les éléments à même de justifier un examen, que les Etats-Unis étudieront et jugeront de manière appropriée”, a réagi le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Samedi, il a appelé son homologue turc pour protester après des insinuations de plusieurs cadres turcs, dont un ministre, selon lesquelles les États-Unis seraient secrètement favorables aux militaires rebelles et porteraient une responsabilité dans la tentative de coup d’Etat.
Le chef de la diplomatie américaine a invité les autorités turques à faire preuve de retenue et à respecter l’Etat de droit dans le cadre de l’enquête sur les putschistes.
Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui souhaité dimanche un rapide retour à la stabilité lors d’une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Il lui a aussi demandé d’assurer la sécurité des touristes russes.