Ce chef coutumier était le commandant d’une milice liée à l’insurrection armée de Kamuina Nsapu, une insurrection qui s’est battue contre les forces gouvernementales entre 2016 et 2019. Il lui est reproché, avec sa milice, d’avoir commis des exactions contre les populations civiles dans la province du Kasaï Central début 2017. Il a été condamné cet après-midi par le tribunal militaire de Kananga.
Laurent Nsubu Katende a été reconnu coupable de crimes de guerres pour meurtres, tortures, mutilations, viols, incendies et pillages lors d’attaques sur des villages du territoire de Kazumba début 2017.
Plus de 230 personnes se sont constituées parties civiles. Une cinquantaine d’entre elles a pu témoigner lors des audiences.
Pour Maitre Dominique Kambala, avocat des parties civiles, ce verdict est un soulagement, d’autant plus que les victimes ont obtenu des réparations financières.
« J’ai senti un ouf de soulagement des populations qui disaient “voilà, il se prenait pour un seigneur de guerre, il est réduit, il n’y a plus le règne de l’impunité. Voilà que quiconque n’osera plus lever son petit doigt pour lever la machette ou le couteau”. Donc il y a ce sentiment de justice. »
Il s’agit du premier jugement dans ce conflit qui a opposé milices aux forces gouvernementales et qui selon l’ONG Trial International a fait plus de 3000 victimes.
Pour son coordonnateur Guy Mushiata, ce verdict est également un message fort contre l’impunité dans cette province. « On a un message : tous ceux qui sont des présumés auteurs des crimes qui courent encore, à un moment ou un autre ils pourront être rattrapés, et ces crimes graves de violations des droits de l’homme sont imprescriptibles. À tout moment, la justice congolais pourra les rattraper et les juger. »
L’ONG espère que ce procès va créer un précédent : juger les auteurs des crimes commis par les milices, mais également juger les massacres commis par l’armée congolaise et autres forces de sécurité lors de ce conflit.
À noter que c’est dans cette même province du Kasaï que deux experts des Nations unies, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, ainsi que quatre Congolais qui les accompagnaient, ont été enlevés et tués en mars 2017. Le procès de leurs assassins présumés est toujours en cours.
rfi