Le camp « Garlic », l’une des places fortes des présumés ADF, en plein cœur du triangle de la mort, est l’une des prises les plus importantes de l’armée congolaise depuis Madina.
Au début du mois, les FARDC, avec l’appui de la Monusco, ont mené l’offensive à une trentaine de kilomètres au nord-est de Beni, ils ont pris le contrôle de ce camp le jour même où en banlieue de la ville, des assaillants massacraient plus d’une cinquantaine de personnes. Une attaque qualifiée de « terroriste » par le gouvernement et attribuée aux rebelles ougandais des ADF. Pour la première fois, la presse internationale a été invitée à se rendre sur place avec une délégation de généraux onusiens.
C’est un campement sommaire dans une forêt dense. Des effets sont éparpillés par terre. Rien de détectable vu du ciel. « Vous avez des habits qui ont été abandonnés ici suite à la pression militaire », explique un FARDC.
Mais ces présumés ADF avaient surtout creusé des installations qui leur permettaient d’échapper aux regards et aux tirs d’artillerie. « Là c’est un trou où ils se cachaient. Il y a au moins la place pour au moins dix ou quinze personnes. »
Plusieurs galeries identiques à celle-là sont creusées dans le sol : entrée étroite, camouflage maximum. Ce n’est pas la première fois que les FARDC découvrent de telles installations, mais jamais aussi importantes. « Là c’est un autre bunker où ils se cachaient pendant qu’il y avait l’aviation ». Des comportements quasi militaires. « Ils sont experts », commente un soldat.
Des bunkers et des leurres
Même le général Ahmed Rakib, l’un des généraux de la force onusienne, est impressionné. « Vous pouvez voir la masse de travail que ça représente pour que ces bunkers résistent à l’artillerie et aux attaques aériennes. On savait qu’ils étaient terrés. Mais jusqu’à la prise de Garlic, on ne savait qu’il y avait des installations aussi importantes. C’est comme si c’était du travail de militaires professionnels », souligne-t-il.
Ces présumés ADF avaient aussi créé des leurres, faisant brûler des feux de camp sur la colline la plus proche pour détourner les hélicoptères d’attaque et les drones de la Monusco de leur véritable objectif.
« Vous voyez, cet espace est ouvert, c’est là où ils faisaient sécher leur nourriture, entre autres choses, explique le général Phiri, le commandant malawite de la brigade d’intervention rapide de la Monusco basé à Beni. Ils faisaient aussi des feux de camp. Et quand on voyait ce feu, on visait cette zone. Vous pouvez voir autour de nous les impacts de nos bombes, artilleries et même mortiers, à nous et aux FARDC. Maintenant si vous regardez la distance entre ici et les bunkers, leur véritable camp, vous verrez qu’ils étaient bien à l’abri dans leurs bunkers alors que nous, on frappait cette position. C’est pour ça que c’était essentiel pour nous d’intervenir au sol, de mettre les troupes FARDC et Monusco au sol, plutôt que de tirer de loin. Mais vous voyez, c’est une forêt dense qu’il faut explorer. Donc il faut voir ce que vont donner les opérations et s’il existe d’autres bunkers de ce type. On avait entendu parler de ce camp, mais on n’avait jamais réussi à le découvrir. »
« Eparpillés partout »
Autour, dans la forêt, quelques impacts d’artillerie ou de bombes. « Ici vous pouvez voir les bombardements de l’aviation aérienne, les bombardements de la Monusco. Et pendant ce temps, les FARDC progressaient. » Et sans progression au sol, impossible d’obtenir ce résultat. Mais il y a encore à faire. Les présumés ADF seraient toujours dans les environs. « Il y en a dans la forêt, ils sont éparpillés partout », confirme un militaire.
A la place du camp rebelle, les FARDC ont installé leur position. Ils continuent de couper des arbres tout autour pour permettre une meilleure visibilité et éviter toute surprise.
rfi