Une chaîne YouTube pour contrer l’extrémisme religieux. C’est l’idée qu’a eue le Timbuktu Institute, observatoire du radicalisme et des conflits religieux basé à Dakar, au Sénégal. Ce centre de recherche croit à la prévention et à l’éducation pour empêcher les jeunes de se radicaliser. Et veut utiliser les mêmes moyens que les jihadistes, très présents sur le net, pour espérer avoir un impact.
Sept vidéos sont pour le moment disponibles sur la chaîne YouTube Education for peace, en français l’éducation à la paix. L’objectif : contrecarrer l’influence de l’extrémisme religieux. Pour Bakary Sambe, le directeur du Timbuktu Institute, les interventions militaires pour combattre le jihadisme ne sont pas efficaces. Il faut donc tenter d’autres approches. « Cette chaîne-là sera une chaîne vivante avec des contenus donnant la parole aussi bien aux chefs religieux qu‘aux femmes, à la société civile, qu’aux jeunes. Il ne faut pas venir imposer des contenus au jeunes, il faut que les jeunes soient les créateurs de leurs propres contenus : les jeunes parlent aux jeunes ».
Pour endoctriner les jeunes, les jihadistes opèrent tout particulièrement sur le net. « Il est important aujourd’hui, dans la stratégie d’affrontement, de transiter par ces mêmes médias pour toucher les mêmes cibles », assure Aboubacar Sadikh Ndiaye, consultant en stratégie web.
Les mères, une cible prioritaire
Ces vidéos parlent aussi aux jeunes filles et aux mères, cibles des jihadistes. C’est ce qu’explique la sociologue Fatou Sarr Sow, spécialiste des genres. « Ils sont même leurs propres structures de santé ici, dans laquelle ils disent que ce sont les lois islamiques qu’il faut respecter ; ils ont leurs propres structures scolaires. Comme les mères ne sont pas éduquées, elles n’interrogent pas leurs enfants pour savoir ce qu’ils ont appris dans ces écoles. Chaque femme appartient à un réseau. L’utilisation de ce réseau peut permettre de réutiliser ce qu’il y a sur youtube… ». Il reste désormais à investir les autres médias et réseaux sociaux.
rfi