En Somalie, la sécheresse fait toujours des ravages. La dernière saison des pluies a été décevante et les Somaliens subissent une nouvelle période sèche. RFI vous propose à partir de ce 31 juillet une série de reportages dans la région semi-autonome du Puntland, où 1,2 million de personnes, soit plus d’un quart de la population, sont touchées par la crise. Quelque 380 000 sont en insécurité alimentaire critique et 135 000 ont été déplacées depuis janvier. Cette crise est présentée comme pire que celle de 2011, qui avait fait 260 000 victimes. Près de Garowe, la capitale, rencontre avec une famille en deuil.
La tête enveloppée dans un voile rouge et noir, Dagan Ahmed Abdi a le regard sévère. Agée de 29 ans, elle vient de perdre sa fille, Rayaan, à cause de la sécheresse et d’une erreur de diagnostic. « On n’avait presque rien à manger et elle est tombée malade, raconte-t-elle. On m’a dit qu’elle avait des vers. Mais après on a découvert qu’elle avait la rougeole. C’était trop tard pour la sauver. C’est très dur d’oublier mon bébé. Chaque nuit je me rappelle d’elle avant de dormir. »
Aujourd’hui, on prépare la cuisine en groupe. En Somalie lorsqu’on perd un proche, sept jours de deuil sont observés durant lesquels les voisins, comme Ruqiyo Mahmud Abdi, sont présents toute la journée : « On vient pour les soutenir et participer aux tâches quotidiennes. C’est la tradition. Moi j’ai perdu deux de mes filles. J’ai respecté le deuil. Mes voisins m’ont conseillé d’oublier et maintenant ça va mieux. Je suis apaisée. »
Le père de Rayaan, Dur Mohamed Fatulé, prie sur la tombe de sa fille, un amas de pierre proche de sa maison. La période de deuil se termine. Il est prêt à tourner la page. « A cause d’une autre sécheresse on avait fui l’Ethiopie pour venir ici. Et voilà maintenant on a perdu Rayaan. Mais je me sens mieux. Les 7 jours sont presque écoulés, j’ai oublié ce qui s’est passé », témoigne-t-il.
L’homme est même très heureux car il va être père pour la 9e fois. Sa femme Dagan, est enceinte de 6 mois.
rfi