Entre autres moult significations, la violence est généralement définie, comme un usage abusif de la force, un acté dé libéré de blessure physique, morale ou psychologique, pour régler un différend réel ou supposé. Au-delà de cette acception générique, la violence est déclinée par l’écrivain russe Isaac Asimov, comme « le dernier recours de l’incompétence.» Il suffit d’observer les sinueux parcours de Me Wade, pour voir comment la violence les a imprégnés, avec une constante récurrence. Et du coup, on pourrait aisément comprendre pourquoi, incapable de tenir ses promesses, de résoudre les problèmes des Sénégalais, il instrumentalise, la violence comme son principal mode d’action. Sans solution crédible, à l’emploi des jeunes, il leur a toujours enjoint de pulvériser les forces de l’ordre à coups de pierres, et de leur retourner les bombes lacrymogènes sans le moindre souci des risques qu’ils pouvaient en encourir.
Opposant, son penchant pour les solutions insurrectionnelles l’a toujours habité. Il brandissait régulièrement, la menace de « briser les grilles et marcher sur le Palais présidentiel », si ses desseins n’étaient assouvis. Une fois intégré dans l’équipe gouvernementale de la majorité présidentielle élargie d’alors, il fourbissait ses armes et en les dressant contre ses alliés d’avant. Et quand vient le temps des élections, il remettait sans sourciller les habits de l’opposant en recréant, sitôt, le pied dehors, un climat insurrectionnel propice à tous les dérapages.
Arrivé au pouvoir, ses réflexes insurrectionnels, prennent une tournure dramatique, avec une violence inouïe. Tout y passe : chasse aux sorcières, emprisonnements arbitraires, sacs et profanation des lieux de cultes, bradage des pans entiers de l’économie nationale, menace militaire contre les états voisins, tentative de corruption d’un haut fonctionnaire du FMI, dérégulation incroyable du système des traitements, mainmise sur la justice et les richesses nationales, tripatouillage de la constitution, déconstruction des valeurs. Et pour tout clore, prévalence d’un inique système de népotisme au seul profit de son super ministre de fils. La bonne gouvernance est ravalée aux vestiaires. La gestion patrimoniale du pouvoir met ses protégés au-dessus des lois. Et quand en harmonie avec sa posture éthique, le Président de l’Assemblée nationale Macky Sall, lui oppose une simple exigence de redevabilité, sur les chantiers de l’ANOCI, toute une stratégie est mise en branle pour l’écarter de l’état.
Les limites du tolérable sont alors dépassées. Continuer à ce rythme de subvertir les institutions de la République ne pouvait que produire l’indignation et la révolte du 23 juin 2011. Une réponse populaire, certes potentiellement musclée et déterminée, à la violence institutionnalisée d’un pouvoir aux abois, prêt à tout pour se maintenir, au-delà du raisonnable. Douze ans de délitements de touts acabits, de misère sociale rampante, de dérèglement anti-démocratique, prennent fin le 25 mars 2012, avec l’avènement du Président Macky Sall.
Les Sénégalais ont décidé dans le calme et la dignité de confier massivement leur destin à un homme jeune, compétent et engagé. Le Président Wade ne pouvait que se soumettre à l’implacable verdict du peuple sénégalais, la mort dans l’âme. On pouvait dès lors imaginer que le Sénégal échappé de justesse de l’abysse, en avait fini avec l’imposture et le parjure. Que la violence, qui douze années durant pendait au-dessus de leur tête s’était à jamais éloignée.
La large victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar avec à sa tête, le Président Sall, allait enfin remettre le Sénégal dans les normes et les standards de la démocratie et de l’éthique de conviction. Il faut croire que les performances économiques, le tournant social en faveur des couches les plus démunies, le retour à la justice, à l’ordre démocratique, la mise en œuvre de politiques publiques référencées, calibrées, coordonnées, à l’instar du Plan Sénégal Emergent, donnent assurément, mauvaise conscience à Me Wade. Il en a tant rêvé, sans jamais, faute de compétence, pouvoir y arriver. Alors, la violence devient comme le prédit Isacc Azimov, le recours de l’incompétence. Les élections législatives se présentent à lui, comme une aubaine inespérée, un prétexte idéal, pour recycler ses vieux démons, que ni le temps, ni l’exigence de sagesse n’ont été gommés de son cortex.
Imaginer organiser une opération de type insurrectionnel dans une zone protégée et délimitée par la loi sous son magistère, dans l’unique dessein de braver l’autorité, c’est là certainement le signe le plus manifeste de l’indécence et de l’impéritie. C’est qu’en vérité, la jalousie taraude le cœur et l’esprit du patriarche. Partout lors de ses randonnées, il voit émerger des réalisations palpables, des infrastructures de qualité, des projets socioéconomiques structurants et une croissance globalement inclusive. Sous ses yeux, renaît l’espoir qu’il avait tué. Incapable de transcendance, rongé par l’amertume et l’envie, il ne voit d’autre alternative que de recourir à son funeste levier, la violence, signe d’impuissance et d’incompétence.
Les Sénégalais derrière leur Président, ne se laisseront pas voler la paix et la sérénité conquises au prix fort le 25 mars 2012, consolidées cinq ans durant. Le respect dû à l’âge du leader Wade enrobé dans sa furie transgressive, n’empêchera nullement l’application stricte de la loi. Les élections législatives, quelle que soit leur importance, n’offriront à aucun contrevenant de la loi, la moindre once de non-droit. Le 30 juillet, les Sénégalais devront se rendre aux urnes, en toute quiétude. Et il ne fait aucun doute qu’ils accorderont à la coalition présidentielle toutes les opportunités pour poursuivre la belle trajectoire de l’émergence initiée par le Président Sall. Me Wade n’a jamais instruit la grandeur aux Sénégalais. Son incapacité en douze ans de règne, à susciter le moindre espoir de développement, aurait dû le dispenser de ces inconduites d’un autre âge. Pris en tenaille dans l’infernal cycle de la violence et de l’incompétence, il ne prend même plus la mesure des contingences physiologiques, sociales, politiques, morales et éthiques qui devraient le ramener enfin à la raison. En politique, l’amnésie existe bel et bien. Il suffit d’entendre et de voir Me Wade, pour s’en convaincre.
Par Abdoul Aziz Tall, Ministre en Charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent