
Dans une interview à la télévision publique, en fin de semaine, le porte-parole du gouvernement annonçait que son pays se retirait du protocole permettant aux citoyens de saisir directement la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples, basée en Tanzanie. Alain Orounla expliquait que cette Cour « s’immisce dans des questions de souveraineté des Etats ». Une décision qui fait réagir.
Pour le professeur de droit constitutionnel, Joël Aivo, l’argument n’est pas recevable et il estime que cette décision marque un net recul démocratique ternissant l’image du Bénin.
« Tous les acteurs, tous ceux qui sont dans le domaine de l’Etat de droit, de la justice et de la démocratie, ont considéré que cette déclaration faite par un pays comme le Bénin, n’était pas à la hauteur, vraiment, du crédit que le monde entier accorde au Bénin en matière d’approfondissement de la démocratie et en matière de mise en œuvre d’Etat de droit, regrette Joël Aivo, joint par Sébastien Duhamel.
Cette décision prive les Béninois d’un moyen de recours contre l’arbitraire. Avant, le moyen était à la portée des Béninois, de pouvoir solliciter l’arbitrage du juge régional. Non pas sur la Constitution du Bénin, mais sur les droits et libertés garantis par la Charte africaine des droits de l’homme dont le Bénin est partie.
Aujourd’hui (c’est donner) le sentiment que je ferme les frontières, je descends les rideaux, je fais ce que je veux chez moi…. Cela pose un certain nombre de problèmes de crédibilité, un problème de déclassement du Bénin, puisque de toutes les façons, le fait de sortir de ce mécanisme ne peut pas être considéré comme étant une avancée. C’est à tout point de vue une décision regrettable. C’est un recul. Un net recul ».