Au Maroc, le chef du gouvernement, Saad Eddine el Othmani s’est rendu dans la région de l’Oriental, dans le nord-est du pays, samedi 11 février, pour annoncer une batterie de mesures en faveur de Jerada. La ville est secouée depuis plus d’un mois par un mouvement de contestation déclenché par la mort de deux mineurs clandestins. Les manifestations ont repris après un nouvel accident mortel dans un puits de charbon, la semaine dernière. Ancien bassin minier, Jerada n’a pas opéré sa reconversion économique, depuis la fermeture de la grande mine, il y a 20 ans, mais l’activité clandestine s’est poursuivie. Sur place, les annonces du chef du gouvernement ont reçu un accueil mitigé.
Ouverture de mines conventionnelles de plomb et de zinc, reconversion de la zone en région agricole, facilitation de l’accès à la propriété pour les anciens ouvriers et surtout la suspension des permis de commercialisation du charbon… plusieurs mesures ont été annoncées par le Premier ministre marocain.
La société civile prend acte
Contactés par RFI, des membres de la société civile et représentants du mouvement disent prendre acte de cette mesure qui soulève toutefois, disent-ils, plusieurs questions. En effet, si l’exploitation du charbon dans les sous-sols de Jerada est réalisée depuis vingt ans de manière informelle, sans réglementation, l’achat et la vente du minerai a, lui, été autorisé pour ses trois sociétés locales. Si ces négociants ne peuvent plus travailler, ce sont 2 000 mineurs clandestins qui pourraient se retrouver sans débouchés.
Autre source d’inquiétude, selon les militants, aucune annonce n’a été faite autour de l’une de leurs principales revendications, à savoir le lancement d’une enquête pour juger les responsables de la situation économique désastreuse de la ville. Ce sont eux qui doivent rendre des comptes, nous dit-on.
Dix-huit morts en vingt ans
Au total, dix-huit personnes sont mortes en vingt ans dans les « descenderies » de charbon clandestines de Jerada.
rfi